Certains jours, à mesure que la matinée s’avance, la brume s’épaissit.
Elle masque les formes et nous incite à abandonner notre vision habituelle, devenue inutile, et à pénétrer dans nos profondeurs.
On avance à pas feutrés, en apesanteur, vers un but incertain. Un parcours d'ombres, de silhouettes changeantes qui ouvrent un vortex entre deux dimensions.
Je suis ici, mais le cri de la corneille, surgi de la brume, m'entraîne dans l'autre dimension.
J'ai perdu la notion du temps parce que le temps n'existe plus.
Je ne retiens que cette certitude, en moi, le sang pulse, la vie explose à chaque battement de mon cœur, c'est un miracle permanent et je m'en émerveille.
J'oublie la pantomime des hommes occupés à donner le change, à masquer le vide, à se poudrer l'âme, à se construire des réseaux, pour se rassurer, pour éviter de percevoir ce flux de vie qui s'arrêtera, comme la nuit fait place au jour. AD
Image : la promenade - huile sur toile