Ce matin un jeune corvidé timide tentait de faire ses premiers pas.
Façon de parler, il voulait essayer ses ailes et se livrait à une danse rituelle :
Deux pas en avant
Trois pas en arrière,
Je regarde en bas
Je me ravise...
Si vous trouvez un nom pour nommer la chose, n'hésitez pas ! Faites-moi partager vos lumières.
Ce jeune corvidé, un peu dindon sur les bords, avait attiré mon attention par ses cris déchirants.
Avez-vous remarqué que tout ce qui vole mène grand bruit avant de se lancer pour la première fois dans les airs ?
Patauds et volontaires à la fois, quand on les observe on se demande si ce n'est pas mission impossible, le sol nous paraît si éloigné...
Mais nous ne sommes pas des oiseaux et Dame nature a tout prévu, la plupart du temps tout fini par s'arranger.
Je vous ai parlé des pigeons de Paris et voici que je choisis aujourd'hui de mettre en scène les corbeaux du toit de l'immeuble que je domine, de mon 9ème étage.
Ne me dîtes pas que je monte en puissance dans le désagréable, je ne serais pas d'accord.
Cette espèce est omnivore, elle régule les populations de petits rongeurs, et fait son office d'éboueur. Mais elle mange aussi des charognes, ce qui a suscité la peur et la crainte des populations. Ainsi lui a-t-on fait une bien mauvaise presse. Son cri et sa robe noire lui ont valu bien des critiques. Le corbeau, pauvre bête, fut comparé aux huissiers et Jean de la Fontaine l'a fait dupe du renard. Il est comme bien d'autres, victime de la médisance qui s'opère si aisément sur ce que l'on ne connaît pas.
Jamais je ne les avais découverts comme ce matin, en regardant par ma fenêtre ce petit noiraud tout ébouriffé, s’efforçant de vaincre sa crainte pour devenir adulte.
Comme pour les pigeons, je vous invite à bien observer leurs attitudes, leurs relations, et si vous ne voyez pas la petite lumière qui se cache là, c'est que je ne comprends plus rien à rien.
Ils étaient deux, un jeune et sa mère, ou peut être un de sa fratrie, l'un tentant d'entraîner l'autre à faire le grand
saut.
Sur le toit, le plus jeune (devant) crie son impatience, l'autre médite le
bec pointé vers le sol, une attitude qu'il a souvent prise durant l'épisode, ce qui me fait dire
que ce devait être un adulte.
L'adulte s'élance...
Il s'envole ! A ce moment là le petit entame son monologue : "Attends-moi !"
"C'est bien haut, j'ai bien envie, mais je n'ose pas !"
Je suis seul !!!
Et pour se rassurer il picore quelques petites choses perdues dans les graviers...
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.
Demain la suite et fin.
Et si par hasard, ce soir, vous venez à croiser un corvidé, corbeau, freux ou corneille, essayez donc de le regarder avec les
yeux de l'amour, et cessez de le trouver stupide de s'être fait prendre un fromage.
Adamante