Ensuite, souvent, ça gronde
Ça se met en rogne
Et quand ça se met en rogne, parfois, ça fait mal
Ça fait mal surtout quand ça se met en rogne soudainement
Que ça pétarade et que ça tombe
Comme ça
Avec violence
Avec une telle brutalité que ça déchire tout
Quand ça se déchaîne
Quand ça se met en colère comme ça
Quand ça gueule d’une voix tonitruante
En crachant des flammes comme un feu d’artifice
Quand ça cingle à l’aveuglette avec fracas
On en est tout bouleversés
Ça remue dans tous les sens
De plus en plus fort
Fort, fort, très, très, très fort
Si fort que ça arrache tout
C’est comme si c’était animé du désir de détruire
Et ça détruit
Ça tombe comme une punition
Comme une punition d’une faute que l’on aurait commise
D’une faute que l’on ignore certes
Mais d’une faute grave, très, très, très grave
Mais on ne sait pas quoi
Et pourtant on se sent fautif
On se sent fautif comme si on l’avait bien mérité
Et peut être bien qu’on l’a mérité
Parce que si ça se déchaînait comme ça
Sans raison
C’est que ça n’aurait ni queue ni tête
C’est que ça ne tiendrait pas debout
C’est que ce serait totalement incohérent
Et que si c’était à ce point incohérent
C’est que nous-même n’aurions aucun sens
Ça c’est inacceptable !
On ne peut pas l’envisager
C’est impossible
C’est impossible d’accepter une chose pareille
On ne peut accepter de n’avoir aucun sens
C’est une idée qui ne tient pas debout
C’est une idée incohérente qui n’a ni queue ni tête
Non, si ça se déchaîne comme ça
C’est qu’il y a une bonne raison
Une excellente raison même
Une raison que l’on ignore mais qui est bien réelle
Ça on ne peut pas en douter…
Enfin, quand ça a bien pétaradé
Quand c’est fatigué de gronder
Brusquement c’est le silence
Tout s’arrête
Plus de fracas
Plus de remue-ménage
Tout rentre dans l’ordre
Ça devient tout sourire
Tout frémissant
Ça fume avec satisfaction
Et ça exhale un grisant parfum de bien être
C’est terriblement sensuel
C’est comme une récompense
Comme un soupir
Ça vous soulage et ça vous fait du bien
On sort de là un peu groggy mais détendu
On se sent apaisé
Tout est calme
Tout est à sa place
Et ça nous rassure
N’empêche
Ça a encore disparu
Sans que l’on y ait pris garde
C’est même comme si ça n’avait jamais existé
Et pourtant c’était là
Et comment !
Il y a un instant encore
Ça vous pétaradait aux oreilles
Mais il faut se rendre à l’évidence
On a beau regarder en haut
Il n’y a plus rien là où c’était
Et encore une fois on ne sait pas où ça a disparu.
© Adamante