Voici une aventure de la Grande Jee Bee, désormais zombi de son état, qui chante le blues avec James Dean dans
le petit paradis qu’est le cimetière de « Une Fois », dans la province de Giquebel. (voir Jee Bee Blues )
La Grande Jee Bee, toujours alerte et intrépide, jeune cabrette parmi les anciens, a participé, le soir dont je vous parle, à sa première chasse sous la pleine lune.
Quel souvenir ! on en parlera longtemps de la première chasse de la grande Jee Bee.
Organisée chaque nuit de pleine lune, par Jo le dégarni, aux phalanges toujours baladeuses, la chasse réunit tous les frères et sœurs intrépides de la Société de la Pierre Tombale. Petite communauté plus ou moins ésotérique versée dans les mystères et la découverte de toutes les bizarreries de la création.
Cette nuit-là, Lulu, incapable de faire un mètre sans se plaindre, parce qu’elle détestait marcher, avait décidé de rester dans sa tombe à regarder un film d’épouvante en compagnie du jeune Frédy et de James qui préférait le cinéma à la chasse.
Jo, débarrassé de Lulu, s’était dit qu’il serait enfin libre de tenter sa chance auprès de la Grande Jee Bee, puisque James était retenu ailleurs.
Monsieur Faribole avait revêtu pour la circonstance son costume de grand Commandeur de la Société de la Pierre Tombale et il jouait du cor pour encourager les chasseurs.
Un chêne multi centenaire ayant rejoint le monde des esprits et qui avait choisi de se planter à Une Fois, où la société respectait les arbres, le soutenait en sa cime avec bonne grâce. Le père Faribole pouvait ainsi surveiller les chasseurs et sonner quand l’un d’entre eux se trouvait en difficulté afin de lui redonner du courage.
Jo avait confié Jee Bee à la Belle Rossinante venue passer son paradis à Une Fois où il n’y avait pas de moulin-à-vent. Rossinante galopait, Jee Bee cavalière émérite goûtait la joie de fendre la bise à la poursuite d’une Bigornelle des prés avec laquelle elle s’était trouvée nez à nez au détour d’un chemin. La Bigornelle des prés, timide et véloce, avait détalé en apercevant la Grande Jee Bee et s’était réfugiée dans un arbre à mots, qui rêvait là en se racontant des poèmes.
Philosophe, l’arbre à mot avait accueilli la Bigornelle avec affection, elle était sa toute dernière création et il la couvait avec l’intérêt qu’une poule porte à ses œufs lorsqu’elle couve.
La Grande Jee Bee salua l’arbre à mot en lui faisant étalage de ses mérites et de sa généalogie ainsi que le veut la tradition et genou à terre, le regard baissé, elle fit demande de lui accorder la Bigornelle comme Bigornelle de compagnie, ce dont elle avait toujours rêvé.
L’arbre à mots sans doute satisfait, après avoir déclamé un poème épique vantant le courage et les prouesses réalisées par la Grande Jee Bee sur sa fort célèbre jument Rossinante, lui accorda une entrevue avec la jeune Bigornelle, laissant toutefois à cette dernière la liberté d’accepter ou non de suivre la grande Jee Bee jusqu’à sa demeure éternelle de Une Fois.
La Bigornelle, timide et rosissante, s’approcha en minaudant.
La grande Jee Bee lui caressa le groin et, pour se porter chance effleura le pompon blanc qui ornait son derrière.
C’est à ce moment que Jo fit une apparition fracassante et plaquant ses phalanges baladeuses sur la partie d’anatomie de la Grande Jee Bee que mon éducation m’interdit de nommer, il déséquilibra la Grande Jee Bee qui faillit tomber sur la Bigornelle en risquant de l’écraser.
Cette dernière terrorisée, s’enfuit en courant retrouver les branches protectrices de son bien aimé papa. L’arbre à mots pourtant philosophe apostropha Jo en le sommant de quitter immédiatement son territoire et de n’y jamais revenir.
Jee Bee, outrée par l’outrecuidance de Jo, rouge pivoine de confusion, était désespérée.
La Bigornelle allait-elle maintenant accepter de la suivre ?
C’est alors que Rossinante, sage parmi les sages, se mit à hennir à pleins naseaux l’air de la chevauchée des Valkyries.
Là, ça fait partie de la mise en scène, vous devez cliquer avant de poursuivre.
La grande Jee Bee emportée par le rythme entra dans la danse tandis que le père Faribole s’était joint à la musique en soufflant comme un forcené dans son cor.
Cet air magique enflamma toute la chasse qui se mit à hennir et à se trémousser sous la pleine lune ravie d’une telle aubade.
Odin en personne vint se joindre à la fête, ils étaient tous au Walhalla.
La Bigornelle qui avait profité de la danse pour observer la Grande Jee Bee, trouvant sans doute qu’elle avait du mérite, sauta dans ses bras pour lui faire un poutou sur le nez. Le poutou est un petit baiser à Une Fois.
Ce poutou eut la vertu d’arrêter la musique et dans le silence qui suivit chacun prit conscience qu’il vivait une minute historique.
C’était la première fois qu’une Bigornelle acceptait de lier sa vie à un humain de compagnie.
©Adamante
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