CROQUEURS DE MOTS
les coupables, on maltraitait des filles.
On allait même jusqu'à les tondre.
Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
A la robe déchirée
Au regard d'enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés
Une fille faite pour un bouquet
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres
Une fille galante
Comme une aurore de premier mai
La plus aimable bête
Souillée et qui n'a pas compris
Qu'elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté
Et ma mère la femme
Voudrait bien dorloter
Cette image idéale
De son malheur sur terre.
Paul Eluard
Poèmes pour tous ed. EFR
Nous savons tous les curées
Nous savons tous l'amour défiguré
Nous connaissons tous la marque indélébile
de Marie Madeleine dans la chair de chaque femme
Nul ne peut ne pas en souffrir
et ce poème, choisi ce matin au hasard de ma biliothèque
dans les rayons de mes amis poètes
me touche profondément.
Adamante