Ce jour-là j’étais allée me promener
Et soudain devant moi voilà que je vois un mur que je n’avais jamais vu
Alors par curiosité
Juste pour savoir ce qu’il y avait derrière le mur
Le mur qui n’était pas là hier
J’ai décidé de sauter par-dessus le mur
À peine avais-je fait le mur que je me retrouvais devant un mur
Un mur en tout point identique
Avec ses graffitis, ses herbes folles
Et un vieux sureau racorni qui profitait du mur pour se protéger du vent
Je me retrouvais donc entre deux murs
Alors, pour m’échapper
J’ai refait le mur
Le deuxième
Et là, je tombe sur un autre mur
Exactement identique aux deux autres
Avec les graffitis, les herbes et tout et tout
Je respire pour me calmer
Je me murmure quelques mots apaisants
Et n’écoutant que mon désir de faire le mur
Je saute par-dessus le mur
Le troisième
D’un bond
Avec une légèreté étonnante
Je ne saute pas, je vole
Je me pose
Et qu’est-ce que je vois
Le même mur devant moi
Là, je me dis qu’il y a quelque chose d’anormal
Un mur qui mure un autre mur muré par un mur lui-même entouré d’un mur
C’est tout simplement du murage
Je me heurtais à un mur
Que pouvait-il y avoir intra muros ?
Alors, après avoir mûrement réfléchi, j’ai décidé de le découvrir
Je me suis murée dans un entêtement sans brèche :
J’étais au pied du mur
Je n’allais tout de même pas me taper la tête contre les murs
Et à moins qu’on ne me colle au mur
Je décidais que tant qu’il y aurait un mur, je ferais le mur
Dussé-je en lécher les murs
Alors, je me suis mise à parler au mur
À quel mur exactement, je ne sais pas, mais j’ai parlé à un mur
Et ceux qui disent que les murs ont des oreilles se plantent
Je n’ai eu aucune réponse
C’était un mur d’incompréhension
Et puis il s’est mis à pleuvoir
Un mur de pluie me séparait du mur
Je crois que c’est là que je me suis perdue
C’est là que j’ai perdu le mur
Alors un peu vexée, j’ai rasé les murs et je suis rentrée chez moi
Je me suis enfermée entre mes quatre murs
Je me suis murée un moment dans le silence puis j’ai allumé la télé
Là, il y avait un reportage sur des manifestants qui se heurtaient à un mur de C.R.S.
C’en était trop !
Je suis allée me coucher
Comme j’étais fatiguée d’avoir sauté les murs
Je me suis endormie rapidement et je me suis mise à rêver
Mais dans mon rêve, c’est pour vous dire à quel point je m’étais claquemurée dans mon désespoir
J’ai entendu un mur qui pleurait
C’était le mur des lamentations.
©Adamante
Défi 27 LES CROQUEURS DE MOTS