Il est trop tôt pour le sommeil d’automne

Il est trop tôt pour que l’automne lance ses effluves de sommeil sur la nature et arrête la fête.

Après le calme gris d’un début d’après-midi nostalgique, je me repais de la frénésie des guêpes autour du raisin.

Il fait si bon se laisser emporter par leur bourdonnement, fermer les yeux, oublier jusqu’à soi-même, confondre le temps par son absence, effacer tous les âges, s’appesantir avec délices dans la paresse.

Plus rien n’a d’importance que l’oubli.

Je ne veux pas m’abstraire du chant de l’été,

j’ai encore besoin du soleil,

je suis cigale,

grillon,

j’ai besoin de lui pour chanter,

pour rayonner ma joie,

la chaleur de ma vie.

Comme la terre, je vibre sous ses caresses, je m’alanguis sous sa langue de feu qui effleure ma peau. Je rêve alors de sources, de cascades, de ces eaux pures et insouciantes qui tintent au contact des roches.

Je mêle ma voix à celle des herbes qui lancent vers le ciel leur frénésie de verts.
La moindre graine se transforme et rêve d’infini au contact d’une goutte d’eau sous le soleil.

Le froid que je pressens peut encore attendre, je ne suis pas prête à le recevoir.

Mon instant brûle,

me galvanise,

et soudain

le calme,

ma force,

je flambe,

je suis mon propre soleil.

Là, dans l’immobilité du lézard, dans le silence bourdonnant de cette fin d’été, mon esprit se mêle à celui d’un monde invisible mais tellement palpitant qu’il fait vibrer le moindre souffle d’air.

Je disparais pour naître à la multitude qui peuple l’espace, je perçois le frisson de la lumière et pénètre la compréhension de l’unité du monde.

©Adamante

Comments

[valdy]

Etonnante ta poésie qui mêle la spiritualité à la sensualité, tout cela avec la saveur de l'écriture panthéiste de Colette.
J'aime :-)
PS : je crois que tu es malade à l'heure où je t'écris, tu vois le soleil s'est enfui ...

[ADAMANTE]

Merci Valdy, je suis ravie que tu aimes. Quant à la maladie, un rhume qui ne m'a pas empêchée de donner mon stage aujourd'hui. Alors vite, un rayon de soleil pour ne pas te refroidir.

[Anne]

Un commentaire sans mot, gardant les tiens en moi !

[Antoine]

Vouloir se soustraire à la fatalité des lois édictées avec sagesse par Dame Nature ... et, bercés par notre imaginaire encore baigné de douces réalités, entrer en résistance et refuser la
soumission en fermant les yeux... Mais voilà !!! il nous est impératif et même vital, de ré-ouvrir les yeux et de faire acte de soumission à ces lois avec cette belle espérance de perpétuel
renouveau et ce grand réconfort de savoir que la "seule fatalité est celle qui nous sera finalement fatale" ...
C'est très beau ... Amitié Adamante

[Fabrice]

"Là, dans l’immobilité du lézard, dans le silence bourdonnant de cette fin d’été, mon esprit se mêle à celui d’un monde invisible mais tellement palpitant qu’il fait vibrer le moindre souffle
d’air.


Je disparais pour naître à la multitude qui peuple l’espace, je perçois le frisson de la lumière et pénètre la compréhension de l’unité du monde."

Ces 2 phrases me font vibrer à l'unisson. Pour des sons et des couleurs de l'été, allé voir le nouveau film de Claude Miller...

[Quichottine]

J'aime énormément ces moments où tu te fonds dans l'immensité qui nous entoure, comme pour nous montrer le chemin.

Passe une douce journée, Adamante. Amitiés.

[flipperine]

je crois que tu n'es pas la seule à aimer les beaux jours

[jill bill]

Bonjour Adamante, à la morte saison être son propre soleil aide à vivre ces mois sombres... Merci pour tes mots, bises de jill