Vous vous souvenez, je vous ai déjà parlé du Jardin secret de la Gare de Charonne
:
Je vous avais promis la suite de la visite, la voici.
Vous vous rappelez de ce pigeon épris d'eau qui profitait des derniers beaux jours pour s'adonner à ce qui semblait être pour lui une vraie passion. Il m'avait bien plu celui-là, un épicurien à plumes qui savait profiter de la vie et qui aurait fait copain-copain avec Gargantua ou Pantagruel, qui avaient peut être autre chose qu'un pigeon à se mettre sous la dent, quoi que !
Bref, comme il faut nommer ceux qui vous touchent, pour qu'ils aient une existence réelle, je lui ai donné un nom : Monsieur.
J'avais envie de l'appeler : Monsieur Monsieur, mais de son ciel, Jean Tardieu, que j'apprécie plus que tout comme auteur, m'aurait-il pardonné cet emprunt ?
Sans doute, sa petite flamme qui veille sans s'éteindre, je n'en doute pas, est bien trop lumineuse pour se vexer de nommer un pigeon, un damné de la Terre, vilipendé par les amoureux, non pas des bancs publics, mais des édifices historiques.
Mais, bon, dans le doute dit-on : abstiens-toi. Pas de patronyme répétitif, donc, ce pigeon s'appelle
simplement : Monsieur.
Pour en arriver à la visite en elle-même, passée la porte du jardin, après le pigeonnier, sur notre gauche nous découvrons une fontaine fort agréable où étancher la soif du visiteur.
Vous ne m'enlèverez pas de l'idée que ce jardin fut conçu par un individu goûtant fort les petits plaisirs de la vie, un être tout à fait fréquentable et que je salue ici, si par le plus grand des hasard il venait se perdre dans les méandres de mon usine à rêves.
Alors là vous me permettrez de me conduire comme se conduit le commun des mortels qui agite les bras pour saluer sa mère, quand par hasard il passe à la télé, parce que le responsable de plateau ne l'a pas vu se faufiler derrière la vedette.
J'interromps la visite pour lui dire : "Monsieur, si vous me lisez, bravo, votre jardin est une pure merveille, vous avez pensé à tout en presque rien de surface !"
Parce que mis à part les pigeons, les visiteurs, il a pensé aussi aux enfants et vu l'envie que j'avais de grimper les marches, peut-être encore à leurs parents.
Je les imagine, les parents, indignes et l'air coupable, sortir à pas feutrés quand le marchand de sable est passé, pour s'introduire subrepticement dans les tuyaux de cette machine à élimer les pantalons en s'adonnant à une glissade infernale, tout en retenant leurs cris pour rester discrets.
Donnez-moi quelques secondes pour me remettre de cette glissade virtuelle et je livre à vos yeux la merveille.
1 - 2 - 3 Prêt ? Allez-y vous pouvez dérouler :
Alors, sincèrement, ça ne vous tente pas d'aller vous y frotter ?
Continuons ! Laissons sur notre droite le toboggan infernal et dirigeons nous vers les bassins. Juste en face,
après avoir grimpé quelques marches nous voici devant le bassin aux nénuphars où des poissons, rouges, noirs et chamarrés, nagent dans une eau quelque peu trouble qui semble parfaitement leur
convenir.
Passé le bassin voici la pelouse drue et confortable où l'on peut s'allonger, se rouler, batifoler, rire et pousser des cris d'animaux, là je vous la fait à la façon Prévert, et si l'envie vous prend de faire des grimaces, allez-y, ici il est interdit d'interdire. J'arrête de citer mes sources si non je n'arriverais jamais au bout !
Et cet arbre, tiens, je vous laisse en parler vous-mêmes si ça vous
plait.
Sur la droite en face de vous, alors que vous êtes couchés dans l'herbe grasse, vous apercevez le bassin des pigeons, avec son jet d'eau, mini Versailles ou maxi bain douche.
Tout dépend qui regarde.
Voilà, la visite est terminée.
Le mot de la fin je le laisse à Madame puis à Monsieur.
Être humain, cela ne devrait-il pas impliquer de connaître sa vraie place ?
Adamante