Bonsoir Grand père,
Ce soir, une amie me disait la douleur des descendants d’esclaves qui, malgré l’abolition de l’esclavage, entendent toujours les chaînes cliqueter dans leur tête.
Elle me disait que le noir était une couleur considérée comme sale, dépravante, maléfique.
En effet, du chat noir au corbeau en passant par la nuit, la chouette ou le loup combien de crimes alourdissent les pages de l’histoire de l’humanité ?
C’est un poids terrible que d’être noir, j’en conviens, mais le pire c'est qu'au départ, les esclaves étaient vendus par leurs propres frères de couleur.
Je pense que nous ne devons pas oublier que les castes sont responsables de tout mal et de toute douleur. Quelle que soit la couleur, il y a les nantis qu'ils soient noirs ou pas et les autres, les serviteurs, les moins que rien, corvéables à merci.
Il y a très longtemps, Grand père, je ne sais si tu t’en souviens, j'avais fait un rêve, de ces rêves qui sont plus que des rêves, j’avais peint une toile avec quatre enfants, un noir, un blanc, un jaune et un rouge. Qu’elle était belle cette toile, je serais bien incapable de la peindre, mais je l’avais comprise comme étant un symbole de l’humanité.
La Terre n’est-elle pas différente, en formes et en couleur selon sa situation géographique et son climat ?
La notion de race, abandonnée depuis peu, est une absurdité scientifique, nous sommes une seule race déclinée en couleurs et non pas divisée, la division c’est le racisme, l’injustice, l’intolérance.
Nous sommes une seule race déclinée en deux sexes et non pas divisée, la division c’est l’inégalité, l’injustice, le mépris. La nature a créé ces différences pour notre enrichissement, nous en avons fait notre pauvreté.
La possession a engendré le pouvoir et le pouvoir tous les maux de la terre.
Je pense, Grand père, depuis si longtemps déjà, que, par-delà la couleur ou le sexe, par-delà notre éducation, nos souffrances, nos sensations d’injustice et d’inégalité, nous devrions penser que nous sommes avant tout des êtres humains. Et, sans oublier l’histoire, nous élever à cette idée car nous avons tous de quoi nous détruire ou nous pourrir la vie selon notre naissance et nos expériences.
La méfiance entre individus vient souvent de l'incompréhension, de la méconnaissance, du choc des cultures.
Quelle que soit l’ethnie, je ne sache pas qu’il n’y ait pas ce phénomène de division par classes ou par sexe. Cela nous est commun, cela pourrait être un pont, le premier nous permettant de découvrir les merveilles qui se cachent en l’autre, à condition de chercher à le comprendre et à ne pas se cantonner dans sa limite de douleur ou d’éducation.
Tu vois Grand père, je ne crois ni aux noirs ni aux blancs, je ne crois ni aux hommes ni aux femmes, je crois aux êtres, à la force qui est eux.
©Adamante "lettres à Grand père"