Qu’est-ce que la vie Grand père, sinon un équilibre fragile!
Au domaine de l’équilibre, rien ne va sans son contraire, c’est en quelque sorte une obligation naturelle. Mais le propre de l’équilibre est
d’être instable.
L’homme, insatisfait, refuse de reconnaître sa vraie nature, il trouve une curieuse satisfaction à dissimuler son visage de prédateur sous
un masque angélique.
Mais la nature est la nature, elle a conçu toutes sortes d’espèces, de tous caractères, toutes mues par la dualité. L’homme possède deux visages,
il ne lui suffit pas de passer un masque pour tromper la réalité.
L’homme pense, c’est là sa grandeur et sa perte.
Il s’est donc forgé une image de bien pensant, puis il a inventé le bien et le mal, la justice, il s’est tracé un cadre pour tenter d’oublier la
ronde infernale des mâchoires et des mandibules et se prémunir contre ses instincts.
Enfin, il a inventé la vérité, pour se border dans ses croyances et se trouver une raison d’être. La vérité est à son sens une arme souveraine
contre le doute, elle est le refus de s’appesantir sur l’absurdité que serait cette vaste pantomime, si nous devions être condamnés au néant. L’histoire nous le prouve, l’homme est toujours
prêt à se battre pour défendre sa vérité et tenter de l’imposer aux autres, prêtant même à ses Dieux ses instincts de guerrier.
Mais La Vérité, Grand père, où se trouve-t-elle ?
Je doute qu’elle se satisfasse des guerres menées en son nom.
Toi Grand père, tu es mon espoir de n’être pas simplement un individu fugace dans la ronde des générations.
Je suis de l’espèce hominidé et je ne peux concevoir que la vie, quelle qu’en soit la forme ou l’expression, ne soit que cette grande inanité
vorace et belliqueuse, elle m’apparaît plutôt comme un vaste champ d’expériences, un parcours durant lequel nous pouvons nous améliorer.
Je suis persuadée qu’il n’est pas un seul être ici-bas qui soit là par hasard ou pour uniquement assouvir cet appétit infernal propre à toutes
les espèces.
De la bactérie à l’humain, nous poursuivons notre chemin de découvertes, nous capitalisons nos expériences, nous progressons vers un inconnu
incertain qui à la fois nous effraie et nous attire.
Tout a sa raison d’être, j’en ai la certitude, et les hommes qui ont le goût du temps qui prend son temps, le goût d’un regard qui se pose et s’éternise dans le silence, le savent, la vie tient tout entière dans la foi que nous avons en elle.
©Adamante
"Lettres à Grand Père" dépôt SACD