Tagguée par MAMIE CLAUDE voilà que je dois emporter 7 choses sur l’île déserte.
Allons-y.
D’abord, je choisis une île au soleil.
Mais, réchauffement climatique oblige, vu toutes les bourdes que l’on nous raconte, on se demande bien pourquoi
d’ailleurs, je pars tout de même habillée pour hiver.
Sur le dos, j’ai une grosse doudoune, au moins deux pulls, un pantalon de gros velours côtelé (tant pis si
c’est ringard) sur un caleçon long de chez la mère Da Mare, avec dans les poches de la doudoune deux couvertures de survie et un couteau suisse de bonne taille. On n’est jamais trop
prudent !
J’ai des gants en peau, un gros bonnet, une écharpe, des chaussettes de laine et mes bottes fourrées en élan du grand nord ; avec tout de même en dessous une mini robe sur un maillot de bain (bien que je me demande si cela est vraiment nécessaire étant donné que je serai seule).
Donc, comme tout ça je l’ai sur le dos, peu importe l’allure, quoi que tout de même, une virée sur une île déserte ce n’est pas un défilé de mode mais enfin... Enfin, si ça craint trop j’enfilerais par-dessus tout ça une petite burka sans prétention, et ni vue ni connue, je foncerais à l’aéroport.
De toute façon j’ai décidé de partir en hiver et tout ce que j’ai sur le dos et dans les poches ça ne compte pas comme bagage.
Je n’emporte rien de plus comme vêtement, logiquement, comme il va faire chaud, on avisera sur place.
J’y vais à cheval sur Gueule d’Amour, je ne vais tout de même pas la laisser seule pendant que j’irai me dorer
au soleil ! Nous verrons bien à l’aéroport comment nous pourrons nous serrer sur le siège de
l’avion classe éco.
D’ici que l’on me dise que je dois payer deux places parce que je suis trop volumineuse ! Ne riez pas, c’est déjà arrivé. Donc Gueule d’Amour, qui en tant que moyen de transport ne fera qu’un avec moi, ne compte pas non comme élément que j’emporte dans mes bagages, je suis donc à cet instant T toujours à zéro.
Maintenant les choses sérieuses se présentent : que vais-je pouvoir emporter pour ne rien regretter ?
Je vais fonctionner par catégories.
1) Mes chats, dans la catégorie chat, peu importe le nombre, ça fait 1. Pas question de revenir là-dessus, je sais moi aussi sauter par-dessus les barrières ! Je ne suis pas la première à m’octroyer des dérogations.
2) Mes livres préférés, dans la catégorie livres, comme ce n’est pas gros, j’emporte 4 auteurs pour faire 1.
Ah non pas de réclamation, je sais lire, il y a jurisprudence en la matière !
J’emporte donc dans mon sac à dos, (qui ne compte pas parce que je l’ai sur le dos) :
les Poèmes de Li Baï,
La Toute Puissance de l’Adepte de J.CH. Mardrus - celui avec les éxégèses- (un
introuvable) ;
Les mille et unes nuits traduites par le même auteur (12 volumes reliés avec de magnifiques
enluminures) ;
Les écrits de Jean Tardieu (impossible de s’en passer) ,
Les enquêtes du Juge Ti de Robert Van Gulik.
Aie ! Zut, j’ai atteint les 4 ?
Allez, vous n’allez tout de même pas me refuser un tout petit bout livre, un livre de poche, à peine visible,
autant dire rien…
Si je ne peux l’emporter, je le regretterais éternellement, c’est vrai, je l’ai déjà lu plus de vingt fois, j’y suis accro.
Ouich ! Merci ! J’emporte donc Romulus le Grand de Friedrich Dürrenmatt, une comédie historique en marge de l’histoire, en 5 actes.
Ouf ! me voici donc arrivée à 2.
En 3, j’emporte ma moitié.
Hors de question de la laisser ici toute seule, je n’y survivrai pas et lui non plus. Aucun homme ni femme bien nés, ne peuvent résister avec une seule moitié, c’est tout simplement et humainement impossible !
Là, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que quelque chose ne tourne pas rond. Réfléchissons… ma moitié ne devrait pas compter pour 1 puisque c’est la moitié de moi, c’est vrai ça, on a beau tourner la chose dans tous les sens, ce serait absurde, illogique que je me compte dans mes propres bagages.
Bon, l’affaire est entendue, comme je me suis convaincue moi-même, du mal fondé de la compter parmi les 7, en emmenant ma moitié je reste donc à 2.
Alors, en 3 j’emporte mes bouquins de peinture.
Trois peintres pour un parce que ce sont des livres d’images qui pèsent un peu plus lourd et que je ne veux pas abuser de la jurisprudence. J’emporte donc Munch, Chagall et Marc. Si d’ici mon départ vous pouvez me retrouver le Cri, je l’emporte sans aucun état d’âme. Je l’accrocherai au rocher de ma caverne.
C’est peu tout de même, quatre peintres quand on pense aux merveilles de l’histoire de l’art.
Comment ? (…) J’exagère ? (…) Ah bon ! Si vous le dîtes ! Moi ce que j’en disais…
Enfin quand on part comme ça il faut bien arriver à se résigner ! C’est pas facile !
Euh voyons en 4, voyons… en 4 j’emmènerais bien une guimbarde pour me faire de la musique le soir. C’est tout petit une guimbarde, ça ne tient pas de place, ça tient dans une main, alors pour faire 1, selon le principe sacré de notre jurisprudence, j’y ajoute un bâton de pluie. Mais oui, comme ça quand une de mes moitiés jouera de la guimbarde, l’autre moitié jouera du bâton de pluie. Et puis, avec un peu de chance, si l’île n’était pas aussi déserte qu’on le dit, il y aura peut-être un autochtone qui jouera du didjéridou. On pourra alors monter un orchestre et chanter au clair de lune. Il faut bien passer le temps agréablement !
Pour le didjéridou, à moins que d’avoir de la chance, il faudrait me dégoter une petite île déserte proche du continent Australien ! Se serait le rêve, mais faut pas rêver, c’est ce que l’on me dit tout le temps : faut pas rêver, et pourquoi donc ? Moi je rêve et j’ai bien l’intention de continuer n’en déplaise aux mauvais coucheurs.
Revenons à nos moutons, au clair de la lune, même sur une île où il fait chaud, il faut un feu pour rêver devant.
Donc en 5 j’emporterai une énorme boîte d’allumettes bien protégée dans une boîte hermétique.
Tout compte fait, la boîte d’allumette ne compte pas, je la mettrai dans la poche de la Doudoune, avec le couteau suisse et les couvertures de survie.
Donc en 5, je ne vois plus trop quoi emporter, accordez-moi un instant que je réfléchisse…
En 5, en 5, en 5…
En 5, j’emporte quelques paquets de café moulu bio commerce équitable.
Mais enfin, soyons raisonnables, on ne va pas commencer à mégoter pour quelques paquets de café ! C’est pas lourd un paquet de café, ça pèse moins lourd qu’un cubitainer de champagne, et puis, c’est pour la bonne cause, et plus il y en aura mieux ce sera ! (…)
Pour moi aussi ? Eh bien oui, là, pour moi aussi, oh la la ! Si on commence à être désagréable…
Passons !
En 6 ! Eh bien en 6, il me faudra une tasse et une casserole pour faire chauffer l’eau sans oublier les filtres et le porte filtre, la petite cuiller, (…) Le sucre ? Non, merci, pas le sucre ! Par contre le savon de marseille ça m'irait pour moi et pour la vaisselle. Tous ces ustenciles étant dans la même catégorie ça fait 1, pas plus.
Ça y est, vous me suivez ?
Enfin en 7, ah là en 7 il ne faut pas se tromper, la moindre erreur et c’est fichu, car sur l’île déserte, l’île inhospitalière, c’est la mort assurée dans l’indifférence générale du monde qui poursuivra sa course tandis que mes os blanchiront au soleil après que les choucas, les crabes, les insectes de tout vol, soient passés pour les nettoyer.
J’avoue que ce ne serait pas ma tasse de thé.
Thé ? au fait, un peu de thé dans les bagages, pour varier du café, ça poserait un problème ? (…) On compte le thé pour 7 ! ça n’est pas sérieux ! 7 le thé ? Jamais ! Le thé, je le glisse avec le café et que celui qui n’a jamais fait comme moi me jette la première pierre.
Ah on rigole moins hein ? On fait plus les petits malins !
Non en 7, je sais ce que je vais emporter :
je vais emporter une petite couverture indienne pour faire des signaux de fumée à Mamie Claude et à tous les autres sur leur île déserte.
Adamante