Ce soir, j’ai envie de vous raconter l’histoire d’une fée.
Cette fée, comme toutes les fées, avait certains pouvoirs magiques. Il n’y a rien là d’extraordinaire.
Son pouvoir à elle c’était de raconter. De raconter des histoires, mais pas n’importe quelles histoires, des histoires qui avaient la vertu de raccommoder les cœurs blessés.
Vous le savez, le cœur est une chose fragile, il faut y faire très attention.
Parfois, si l’on n’y prend garde, il se déchire, il se met à saigner et ça fait mal à celui qui le possède, si mal que ça lui met des larmes aux yeux, des torrents de larmes dans sa vie.
Et c’est lourd à porter un cœur déchiré, si lourd que celui qui le possède a l’impression de peser des tonnes, ce qui fait qu’il n’a plus envie de bouger.
Ça bat tout de travers un cœur déchiré, comme une pendule détraquée. Ça bat tellement de travers que celui qui le possède oublie que la vie c’est aussi du bonheur, des rires, de la paix, du mouvement.
Ça renferme dans la solitude un cœur déchiré, ça rend si malheureux celui qui le possède, qu’il en oublie, et je n’exagère pas, que le soleil brille aussi pour lui et que si les oiseaux chantent c’est aussi pour son oreille.
C’est tellement douloureux un cœur déchiré, ça a tellement de mal à se réparer, que c’est une catastrophe, pour celui dont le cœur se déchire.
C’est pour ça qu’il faut faire attention à ne pas le laisser traîner n’importe où ce cœur. C’est sérieux !
Il n’y a pas de mots assez forts chez les humains pour réparer un cœur déchiré, pas de charme assez puissant. Un cœur déchiré ça peut parfois coûter la vie, ça peut laisser des cicatrices telles, que les meilleures intentions du monde ne peuvent rien faire pour les effacer.
Il vaut mieux prévenir que guérir, il faut donc veiller à ne prendre aucun risque, pour ne pas déchirer son cœur, car après, il est trop tard, sauf si on a la chance de rencontrer une fée.
La fée dont je vous parle a des mots enchantés qui forment des chapelets de bonheur pour ceux qui l’écoutent. Elle parle et la douleur s’efface, les cœurs se réparent.
Pourtant cette fée, je le sais, a beaucoup souffert, beaucoup pleuré, eh oui cela arrive, même aux fées. Tout ce qui vit connaît la joie mais connaît aussi la douleur. C’est comme ça on n’y peut rien, c’est la vie, la vie des hommes, la vie des fées, des animaux et même des plantes.
Mais cette fée, qui a depuis toujours le pouvoir de guérir les cœurs grâce à ses paroles enchantées, quand son cœur à elle pour la première fois s’est mis à pleurer, pour masquer son chagrin, elle posa sur son visage un si joli sourire qu’il l’illumina totalement, elle en fut transfigurée. Personne alors ne pouvait soupçonner sa peine. Je vous laisse imaginer sa solitude et sa détresse.
Un jour qu’elle était triste, elle rencontra un petit garçon dont le cœur était en lambeaux parce qu’il avait perdu ses parents.
Il était tout brisé ce cœur, il saignait. À l’intérieur, c’était un océan de larmes, ça grondait de chagrin et de désespoir.
Ça lui faisait si mal, qu’il ne sentait même plus la douleur, elle était trop forte. Et comme il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il se disputait sans cesse avec sa mère adoptive, comme si elle était responsable de son malheur.
Plus le temps passait, plus son cœur souffrait, plus leur vie devenait insupportable et plus leurs disputes étaient terribles.
La fée, touchée par cette détresse, leur conta une histoire. Une histoire d’adoption.
Elle dit le bonheur de ces gens qui, n’ayant pu avoir d’enfant, avaient eu la chance d’en trouver un qui lui n’avait pas de parents.
Elle conta comment ils l’avaient accueilli, l’avaient aimé, comme leur fils et plus encore, tant ils avaient eu peur de ne jamais avoir personne à chérir, eux qui avaient tant d’amour à donner.
Ses mots s’envolèrent, légers comme des oiseaux, se posèrent sur le cœur du garçon et ses blessures miraculeusement furent cicatrisées. Tant et si bien qu’à la fin, le petit vînt se blottir pour la toute première fois dans les bras de sa mère adoptive.
Les larmes qui coulèrent alors furent comme des diamants étincelants de soleil. Le visage de la fée fut illuminé par son si joli sourire.
Puis il y eut un long silence. Un silence à ce point chargé de tendresse, que la fée elle aussi fut guérie.
Alors, si n’ayant pas suivi mes conseils, vous mettiez un jour votre cœur en péril, rappelez-vous de cette histoire, appelez la fée de mon conte afin qu’elle vienne le réparer ce cœur, avec ses mots magiques et son si joli sourire.
©Adamante