Coquelicots huile/toile Adamante 30x30

Chevelure d'or

souple et rebelle

piquée d'épis

de coquelicots

les cheveux de la Terre

sont tout emmêlés

à peine un souffle de vent

ils flottent

le chant des grillons ensorcelle le jour

l'âme des amoureux s'enflamme

sous le soleil

l'amour stridule

dans les herbes

les champs exhalent

la poussière de l'été

tout semble suspendu

sensation de point d'orgue

pourtant juste un soupir

demain

caché dans les plis du temps

prépare déjà l'automne.

©Adamante

La photo qui m'a inspirée (la première, sublime) ici :

rouge coquelicot

Mon été se confond

aux saisons de l’année passée

Le soleil, emprisonné, m’étouffe

Partout les murs de la ville

Alourdie de nostalgie

je vieillis loin de mes racines

La vigne là-bas s’ennuie-t-elle de moi

comme je languis d’elle ? 

©Adamante

J’allais sans but

goûtant le plaisir de fouler l’herbe

je souriais sans raison

j’étais loin de la ville

quelques stridulations

quelques chants d’oiseaux

le froissement de l’air

sous une aile invisible

tout cela suffisait à mon bonheur.

J’étais seule

et pourtant, soudain

je sentis une présence

j’eus l’impression d’avoir pénétré une autre dimension

un de ces univers parallèles

qui s’imposent à vous

quand on s’y attend le moins

le paysage avait pris la densité que confère la magie

tout semblait pareil

mais ce n’était qu’une illusion

au travers de la vibration

drapée d’écorces

je la vis

était-elle née du rêve de l’arbre ?

s’était-elle réfugiée en lui

disparaissant jusqu’au mimétisme

pour échapper à quelque danger ?

son visage me faisait penser à un Miró

« la plus belle », si belle

ou encore à un Modigliani

tellement son cou était long, si long

elle m’observait

nous nous sommes regardées un long moment

sans rien dire

elle semblait figée dans un mouvement

comme interrompu à la hâte

alors qu’elle s’apprêtait à quitter le tronc

peut être pour aller danser dans le sous-bois

ou rejoindre quelque esprit du lieu

mais tout ceci n’est pas l’affaire des hommes

alors, interrompant la communion

je bafouillais une excuse

je la saluais et m’éloignais

sans me retourner.

©Adamante

Joan Miró (1893-1983), peintre espagnol dont l'ensemble de l’œuvre offre une interprétation hautement personnelle du surréalisme, inventant son propre langage pictural, fondé sur des formes abstraites et des signes élémentaires.

Amedeo Clemente Modigliani (1884 -1920) peintre et sculpteur italien célèbre par ses peintures et ses sculptures de facture dite moderne où les visages ressemblent à des masques et où les formes sont étirées.

La photo qui m'a inspirée Les racines du temps

Jeudi en poésie : changer d'air 

N’ai-je pris que des routes trompeuses ?

mes choix furent incertains

souvent

mon chemin s’est perdu

tant de fois

j’ai rêvé bien sûr

mes rêves avaient

le goût du printemps

le parfum des herbes

la voix des grillons

mais ils avaient aussi

le germe de la corruption

inscrit au plus profond de la chair

au plus profond des idées.

Rien ne dure

susurrent des voix railleuses

tout s’use…

Sur la plage désertée

d’une vie qui s’écroule

l’espoir

impudique et nu

est venu s’échouer

voiles en lambeaux

livrées en plein soleil aux regards indifférents.

Quelque part

au fond d’espaces insondables

un éclat brille encore parfois

mais si fugace

un élan sporadique soulève un instant

la montagne

on pourrait croire l’éveil

le phénix ne renaît-il pas de ses cendres ?

mais l’abîme est le plus fort

son attrait implacable

pesanteur infinie qui plombe le geste

aspire la vie

la chaleur

le souffle

La foi s’érode

ses alluvions emportés par le vent

s’inscrivent avec aigreur

dans le cycle infernal d’une ronde sans fin

entre naissance et mort

au rythme des mâchoires et des mandibules.

Tout ne naît que pour être dévoré.

©Adamante

"Bleu" illustration mai 2012

Autour de moi

la musique

danse lente des corps

ils boivent l’espace

assise dans l’herbe

j’observe

je m’amuse des parades humaines

la séduction est partout

soudain

mes mains m’appellent

je sens les herbes frémir

la terre s’éveiller

elle s’étire

longue

longue

ondulation féline

j’oublie

tout

elle me parle

je la découvre

vivante

un Être

à part entière

mes doigts caressent

ses cheveux

les herbes

je m’imprègne

de sa sensation

de son souffle

je le sais

je vis un instant magique

autour

le monde continue de s’activer

nul ne soupçonne ce que je vis

assise là

comme si j’y étais.

©Adamante