Un jour que je flânais à l'aventure

J'ai découvert près d'un petit chemin  de traverse

qui sentait bon la mûre et l'églantine

à l'orée des peut-être

un gnome style sphinx

mais en moins impressionnant

qui posait à peu près cette question :

"Vous la voyez comment vous Pénéloop ?"

C'était une question comme une autre !

Avec ce que j'avais découvert au cours de ma lecture

Je me suis dit que je la voyais comme ma petite Carcasse

Une craquante petite poupée de chiffon

qui était née des mains habiles d'une camarade des arts déco

Comme la copine était de Carcassonne

et à cause de son accent qui vous inondait de soleil

On l'avait surnommée Carcasse

Elle était pétillante de vie

Naturellement, la poupée, je l'avais baptisée Carcasse

Malgré les années, les déménagements

Elle a toujours gardé sa place sur une étagère de mon bureau

C'est elle là, en photo :

Elle est mignonne n'est-ce pas ?

Et bien moi c'est comme ça que je la vois Pénéloop !

Charmante

Gaie

Vive

Enjouée

Toujours le sourire

Un mot bien placé

Un pointe de provocation...

Érudite

Eh bien...

Oui ! je me suis dit que Pénéloop

Clic

Elle était comme ça

Clac

Exactement comme ça !

Clic - Clac

Et puis

Allez savoir pourquoi

Est-ce à cause du livre  ?  L'Orée des peut-être 

J'ai pensé à une autre aminaute

Une grande amoureuse des livres

Portée sur la lecture

Très portée sur la lecture

Particulièrement portée sur la lecture

Allez, je sens bien que vous avez une idée...

Alors

 Je me suis faite sphinx

Pour me poser une question de sphinx :

"Si tu devais la représenter, tu ferais comment ?"

Et comme j'avais déjà la réponse

Je l'ai aussitôt représentée par une poupée

Cette poupée là est  une réalisation personnelle

née un jour où j'avais beaucoup de courage !

ça arrive parfois !

Là, c'est elle :

Confortablement installée près de sa fenêtre

Afin qu'en levant les yeux elle puisse apercevoir quelques arbres

Dans sa tour, bien au chaud

Avec aux pieds de grosses chaussettes bien confortables

Un ou deux lutins cachés dans la bibliothèque

Elle découvre le livre de Pénéloop...

Vous avez deviné qui elle est ?

Je ne me suis pas trompée ?

La petite liseuse la représente bien n'est-ce pas ?

Alors qui est-elle ?

Qui...

Aujourd’hui réunion de crise pour problème de neige !

Allez Fillon grimpe sur ta luge

Glisse mon grand

Plus vite !

Faut qu’ça glisse !

Des heures, des jours à la radio

À nous ressasser l’événement de la semaine,

Le grand jour est enfin arrivé !

Serons-nous prêts pour cet hypothétique drame ?

Comme nous l’avons été auparavant pour la canicule

Pour la grippe H1N1 ?

Ça suffit !

Mais où donc avons-nous rangé nos cerveaux ?

Ne payons-nous ces gens qui nous dirigent

Que pour « peigner la girafe » ?

Que pour nous endormir les neurones à grands coups de mensonges ?

Combien de temps encore,

Alors que certains meurent de froid sur un trottoir

Dans l’indifférence générale,

Dans le regard fuyant de la famille Michu

Que d’aucuns appellent Toutlmonde

Et que l’on interviewe pour de rire dans la rue

Pour montrer que l’on prend l’avis du peuple

Alors que les élections sont bafouées ?

Combien de temps encore

Accepterons-nous  que l’on nous berce

Pour endormir notre humanité ?

Combien de temps encore

Accepterons-nous qu’on nous lave le cerveau ?

Giuseppe* en aura-t-il un quelconque bénéfice

De cette réunion de penseurs à la petite semaine

Tout droit sortis de l’ENA ?

Penseurs que Molière

Hélas mort à ce jour

Aurait si parfaitement mis en scène.

Penseurs qui n’ont jamais vu une poule

Une poule vivante accompagnée de ses poussins.

©Adamante

*L'homme aux pigeons

LA PETITE FABRIQUE D'ECRITURE

AZACAMAPOL

  Pour voir l'original du dessin chez Solyzaan clic sur Mijoty, là, juste au-dessus !

D’abord, je tiens à le préciser

C’est la nuit

Oui, la nuit et pas le jour !

Parce que si cela avait été le jour

Tout aurait été différent

Seulement voilà

Ce n’est pas le cas !

C’est la nuit !

Et la nuit toutes les Mijotys sont grises.

Donc si toutes les Mijotys sont grises…

Non, elles n’ont pas bu !

Simplement elles se confondent au paysage…

D’ailleurs, en l’occurrence, il n’y en a qu’une.

Donc si la Mijoty est grise, la nuit est calme,

Ça coule de source.

Grise, j’ai dit, grise !

On ne reviendra pas là-dessus !

Vous avez vu son air ?

Elle veut passer incognito

C’est son droit le plus légitime

Et moi, je respecte !

Alors si vous aimez la couleur

Passez votre chemin

Et ne venez pas nous enquiquiner

Avec vos desiderata qui déplaisent !

Quand une sorcière veut quelque chose

On est d’accord, ou alors on assume !

C’est vous qui voyez

Moi je respecte

Pas envie de finir au court-bouillon

Avec son nom et la façon de son pantalon

On peut tout craindre !

Et vu son air, on sait que ce n’est pas illusoire.

Et puis entre nous,

Elle a bien le droit de suivre la mode non ?

Si ça lui fait plaisir,

En quoi cela peut-il nous déranger ?

Chacun est libre de ses goûts !

Ce n’est pas gai ?

J’admets qu’avec une touche de rose…

Oh et puis maintenant ça suffit,

On ne va pas tergiverser toute la nuit,

Je rends ma copie ce soir.

Alors,

Gris c’est gris,

C’est gris !

Euh pardon, c’est dit !

©Adamante

L’hiver est déjà là

Hier la première neige

Aujourd’hui le froid

La grisaille

Paris

Son centre

Beaubourg après le restau

On musarde

Soudain une envolée de pigeons

Un homme est là

Un marginal comme on dit

Un que la société n’arrive pas à digérer

Et qu’elle crache sur les trottoirs

Ou sur les bancs du métro

Jusqu’à une certaine heure seulement

Quel âge a-t-il ?

Difficile à dire

Il manque de l’essentiel

Autrement dit de tout

D’un toit, de chaleur

Il pose

Certains le prennent en photo et partent

D’autres le regardent de travers

« saloperie de pigeons ! »

Il leur donne des miettes de pain

Les pigeons

Il les regarde avec un magnifique sourire

Comme s’il les connaissait un à un

Eux s’approchent

Ils ne craignent pas les odeurs

Ils aiment la main qui leur donne à manger

Ils sont dans la même galère

S’il gèle, il leur faudra, comme lui, trouver un abri

Manger ça réchauffe !

J’ai bien mangé

Mais malgré mon manteau

Le vent s’acharne à me montrer la réalité du froid

Quand les pigeons s’envolent c’est impressionnant

Le ciel disparaît sous un rideau d’ailes

Lui, il gueule après ceux qui les dérangent

Mais les pigeons reviennent quasi instantanément

Moi je l’ai déjà pris en photo

J’attends une autre panique  pour un cliché

Je sais ce que je veux

Les pigeons, je les vois avec l’œil du photographe

Un bon sujet.

Lui a une gueule

Je n’aime pas d’habitude voler l’image des gens,

Il y a là-dedans quelque chose qui me gène,

Mais comme il semble se prêter au jeu…

J’attends

Quand on veut une image, il faut avoir de la patience

C’est la chasse

L’appareil est prêt

Ne manque plus que l’importun qui fera s’envoler la bande

Le voilà

Débandade, le ciel se couvre

C’est dans la boîte !

Je contrôle

Elle est bonne

Je ne vais pas tirer ma révérence sans qu'il l'ait vue

On ne dispose pas de l’image des autres comme ça

Je m’approche et lui montre

Je lui dis que sur la photo on dirait qu’il a des ailes

Il me dit qu’il aimerait bien

Je prends soudain la mesure de son désarroi

Une inflexion

Une attitude

Il n’a pas toujours été à la rue…

Il a l’accent italien

Il regarde de nouveau la photo

« C’est dommage que je n’ai pas de domicile… »

Je n’osais pas lui poser la question

On a de ces retenues parfois !

Alors je lui demande s’il est souvent ici

« J’y suis tous les jours »

« Je vous apporterai une photo ! »

Il sourit

Je lui demande son prénom

« Giuseppe ! »

Je vous parle de Giuseppe

Il fait nuit

Je suis chez moi

Bien au chaud

Il peut geler cette nuit

Je ne crains rien...

©Adamante

Extrait d'une photo de Snow

Si je croyais à un jardin d’Eden

Je lui dessinerais des portes qui ne ferment pas

Afin que personne n'hésite à les pousser

Je les peindrais en blanc

Je les décorerais de ferronneries sombres

Sommairement travaillées

D’un arbre centenaire, je ferais le gardien du lieu

Afin que l’arrivant sache qu’ici la nature est reine

Que les animaux, comme lui, y sont accueillis avec respect

Et que d’un simple regard, il comprenne

Que l’homme n’est pas le roi de la création

Qu’en entrant dans le domaine, il devra oublier son bréviaire

Se dépouiller des scories de son éducation mensongère

Celle qui lui a répété qu’il n’est rien au monde de mieux que lui,

Et qu’un dieu improbable à mis toute la création à sa disposition,

Afin qu’il en use et en abuse à son gré.

S’il existait un jardin d’Eden

Je craindrais que l’homme l’ait déjà détruit.

Et si je devais en donner témoignage

J’en imaginerais l’image d’une photo en noir et blanc

Avec des portes de lumière

Ouvertes sur l’espoir.

Adamante