Avertissement si nécessaire, ceci n'est qu'une réflexion, un échange autour de l'écriture.
Écrire sur une image, cela n’est pas aussi simple qu’il y paraît.
Si l’image se suffit à elle-même, le texte qui fut inspiré d’elle doit se suffire à son tour. Il doit pouvoir se lire sans elle, être autonome, porteur de sa propre profondeur, de son propre message.
Il ne peut être une simple description, mais une extrapolation, une extension, un enrichissement de l’image. Comme un enfant, il doit s’émanciper, s’affranchir de tout lien.
Il peut témoigner d’un ressenti, d’une vision particulière, d’une découverte. Il doit exprimer ce qu’a pu capter le regard bien au-delà des apparences.
Le texte sur image témoigne d’un voyage dans l’imaginaire dont la porte est l’image elle-même.
André Hardellet, grand voyageur dans l’imaginaire, aimait à les pénétrer, à s’immerger en elles pour en capter les secrets, les sons, les ambiances. Il pratiquait ce que j’appelle le second regard, celui de la contemplation, celui qui dépasse la réalité immédiate pour s’enfoncer dans d’autres réalités, des réalités parallèles, des réalités gigognes en quelque sorte.
Ces réalités, on ne peut les aborder qu’en lâchant prise, en se mettant en mode accueil, en abandonnant toute volonté de faire pour laisser faire et pénétrer la dimension d’être, la dimension de l’Être. Dans la dimension d’être se tient l’ouverture, l’écoute.
Écouter une image, c’est se mettre en position de recevoir, de percevoir plutôt que de vouloir. Il peut en être ainsi pour la musique, les bruits environnants, le toucher, le respirer, pour tout ce qui est du domaine des sens.
Par la pratique de l’écoute, qui éveille nos sens, on peut percevoir la vie qui bruisse en nous, en ce qui nous entoure, on peut s’immerger en elle, l’intégrer et donc en témoigner plus facilement.
Si je vous parle d’un vol d’hirondelle par exemple, que verrez-vous, quelle sera votre réalité ? une formation de taches noires sur le ciel bleu ? l’idée du retour du printemps ? celle d’un regroupement d’individus sur un fil électrique annonçant l’arrivée de l’hiver ? celle du regret de voir leur nombre diminuer ? un souvenir qui a marqué votre enfance ?
Nous sommes formés d’images, de sons, de mots, liés à notre vécu. Ils sont inscrits dans la bibliothèque de nos souvenirs, grotte aux merveilles où s’entreposent nos richesses.
Pour pénétrer une image, pour qu’elle soit une invitation au voyage, il nous faut passer sans forcer la porte de l’apparence. Il faut laisser notre regard pénétrer le monde de la vibration, avec ses formes, ses couleurs.
Dans ce monde d’agitation, il suffit de se poser un instant, de fermer les yeux, de porter attention aux bruits environnants, du plus proche au plus lointain, pour s’en extraire et trouver la paix. Rien n’a changé pourtant, sauf notre regard, notre écoute.
Ce faisant, nous prenons conscience des richesses qui nous baignent et nous composent. Ce retirement est présence. ***
Cette pratique vaut pour l’image, on la regarde, on se laisse capter, on laisse faire, on engrange.
Une image peut être mensonge, comme l’explique André Hardellet, dans un texte que je n’ai pas réussi à retrouver parmi la forêt de livres qui peuple mon bureau, lequel je l’avoue a tout du grenier.
Si l’on s’arrête à l’apparence, l’enfant qu’il fut, semble être là, sage et discipliné sur une photo de sa classe. Mais il nous révèle que sur cette photo, il est ailleurs. Il court au bord de la rivière, canne à pêche à la main, les pieds dans les herbes. Pas dans cette salle où pourtant on le croirait. Si nous pénétrions cette réalité cachée, par la porte de ses yeux peut-être, nous pourrions sans aucun doute partager cette liberté invisible au premier regard.
On dit l’image sage, parce qu’elle semble immobile, mais la vraie sagesse d’une image tient à la vibration qui l’habite et que seul le second regard permet de découvrir.
Cette vibration, c’est la vie.
©Adamante
*** Ceci est un exercice très simple à pratiquer n'importe où.
Détente immédiate assurée.