LE COUCOU DU HAÏKU

MAMYLILOU  

Dehors tout est blanc

En tombant dansent les flocons

Les bruits s’effacent

Étrange paysage

Les moustaches frémissent

C’est doux et c’est froid

Dedans les pas s’enfoncent

Le chat est prudent

Doucement il avance

Sur le chemin de neige

Arrive un oiseau

Le chat soudain s’élance

Mais il est trop tard

Dépité il s’en retourne

À la maison, près du feu

Derrière le carreau

Il observe le jardin

Qu’il fait bon rêver

Bien au sec, estomac plein

Ronronnant sur un coussin.

                                                                       © Adamante

 Le coucou du haïku

 Mamylilou

Quelques tanka, un haïku = une histoire

Le gentil petit lapin,  gribouillis de circonstance

Après que j’ai raconté l’histoire du petit chaperon rouge en tanka et à peu près dans sa version d’origine, plusieurs m’ont laissé des commentaires :

« pauvre loup …»,    « il n’est pas aussi crétin… » ,     «et pourquoi… »     « et comment… »,

« mais enfin tout de même, ce loup… »         Et encore j’en passe !

Alors pour répondre aux desiderata de ce public récalcitrant, voilà une version quelque peu différente, plus soft, adaptée pour plaire aux défenseurs de la chèvre et du chou réunis.

Mère Grand malade

Chaperon rouge étourdi

Tout va de travers

Le loup, ce pauvre garçon,

De la farce est le dindon

Le chaperon rit

On sauve les étourdis

Drôle de morale

Pour le riche la chanson

Pour le pauvre le bâton

Le loup a très faim

Il chasse et se fait tuer

Quelle injustice

Remédions sans plus tarder

À cette fin sans pitié

Le loup a mangé

Les donzelles sont avalées

Voici le chasseur

Il ramène du gibier

C’est un excellent fusil

Du ventre du loup

Une voix crie : « Au secours ! »

« Loup qu’as-tu mangé ? »

« J’ai mangé deux étourdies

Qui jouaient avec leur vie ! »

« Ces étourdies-là

Pourraient bien te la coûter

Rend les maintenant ! »

« Rendre mon repas ? »

Chasseur tu n’y penses pas

Autant mourir ! »

Car un ventre bien rempli

M’est assurance de vie ! »

Le drame se noue

Le chasseur le met en joue

Son fusil s’enraye

Le chasseur terrorisé

Fuit en laissant son gibier

Le loup satisfait

S’en empare sans tarder

Sept lapins d’un coup !

Il rit tant qu’en un hoquet

Il rend les écervelées

La moralité :

Mieux vaut un repas léger

Qu’un repas trop lourd !

Tout est bien qui finit bien

Grâce à sept petits lapins !

Avis de l’auteur qui n’est pas corvéable à merci :

Le bureau des réclamations est fermé durant la pause déjeuner.

Que la ligue de protection des lapins s’adresse directement à Dieu pour demander révision de la chaîne alimentaire.

Je ne toucherai pas à un seul mot de cette fable !

J'ai dit !

© Adamante

Le chaperon rouge

Avec son petit panier

Dans les bois flânait

Rêvant et cueillant des fleurs

Elle avait oublié l’heure

Le chaperon rouge

Se met alors à courir

Rose de confusion

Sa mamie, malade, au lit

Devait trouver le temps long

Mais le loup malin

A déjà mangé mère grand

Et pris place au lit

Petit bonnet de dentelles

Et chemise de flanelle

L’imprudente enfant

Inconsciente du danger

S’approche trop près

Vous avez de grandes mains

Vous avez de grandes dents

Le loup l’avala

Une bouchée et voilà

Un bien triste sort

Oui mais tout au fond des bois

Un chasseur passait par là

De son grand couteau

Ouvrit le ventre du loup

Quelle surprise !

Toutes deux furent libérées

Et le loup fut empaillé !

Loup, loup, loup y es tu ?

Le loup n’a pas répondu

Loup, loup, entends-tu ?

Le loup n’a pas répondu

Il est bien trop mal fichu !

©Adamante

Pour le même défi voir aussi :

Le petit Poucet & les trois petits Cochons

   LE COUCOU DU HAÏKU

    MAMYLILOU

Flocons de neige

Petites fleurs enchantées

Trop tôt disparues

À peine une larme d’eau

Quand elles touchent ma main

Tombe la neige

L’horizon se fait tout gris

Les bruits se feutrent

Au loin, le rire d’un enfant

Crée un univers de joie

Neige fragile

Magicienne de l’hiver

Sous un manteau blanc

Je regarde les flocons

Ils emportent mon âge

Tout est blanc dehors

Quelques oiseaux étourdis

Cherchent leur repas

Au perron de la maison

Des graines de tournesol

©Adamante

LE COUCOU DU HAÏKU

MAMYLILOU

M'en voudrez-vous beaucoup, vous qui participez à ces merveilleux vendredis du Coucou, alors que je n'ai même pas fini ma tournée, si je vous fais partager un énorme coup de cœur qui vient de m'arriver ?

Non, j'en suis certaine, ce n'est pas le premier et ne sera pas le dernier !     Alors c'est    ICI 

Une idée de violon et d’eau déclinée en haïku et tanka, en toute dernière minute.

   Le coucou du haïku

      Mamylilou

Chant du violon

L’eau frémit pizzicato

Les yeux se ferment

Quelques notes d’eau

L’archer se fait enchanteur

L’âme se trouble

Un coin de rue, une enfant

Elle vend des allumettes

Grande solitude

Ce matin l’eau est gelée

Le violon pleure

Notes d’eau brisées

Une image, quelques mots

Fêlure de silence

Comme un violon qui pleure

Pour faire taire les tourments

L’image parle

Un violon se retire

Les mots se taisent

                                              ©Adamante