10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 13:35

 

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Dans la forêt de l’Arbre à mots, vous savez ?  celle qui jouxte le petit cimetière de Une fois, où tout plein de joyeux drilles quelque peu trépassés s’amusent parfois aux dépends des vivants de « Une Fois la bourgade » ; eh bien, dans cette forêt magique, dans cette forêt sympathique, un étrange murmure s’est répandu, porté par le vent, par les papillons, par les herbes du chemin… et par toutes sortes de choses frémissantes qui animent ce lieu sacré.


Comme j’aime bien me promener dans la clairière de l’Arbre à mots, parce qu’il y fait bon, parce qu’il y fait chaud, parce qu’il est agréable de rencontrer des créations toutes plus fantaisistes les unes que les autres, bref parce que je m’y plais, je fais parfois quelques rencontres.

 

Pas plus tard que ce matin, je croise la Grande Jee Bee en promenade sur Rossinante et voilà qu’elle me dit :

 

«Dis donc, tu nous quittes ? »


« Ben non ! » que je lui réponds, « j’ai cassé une aiguille à mon horloge et je ne peux plus jouer sans risquer de me faire des nœuds à mon emploi du temps ! Mais je ne vous quitte pas !»


« Ah bon ! ça c’est une bonne nouvelle !»

et la voilà repartie au petit trot dans la prairie sur une Rossinante ma foi fort satisfaite de ma réponse.


Un peu plus loin, je croise l’Églantine, elle cherchait une tombe, et voilà qu’elle me dit :

 

«Dis donc, tu nous quittes ? »


« Ben non ! » que je lui réponds, « j’ai cassé une aiguille à mon horloge et je ne peux plus jouer sans risquer … » vous connaissez la suite !


Et là, je n’attends pas de rencontrer le troisième qui à coup sûr va me demander de réaliser une prouesse, comme il sied à tout conte sérieux et qui se respecte, moi, je n’ai aucune princesse à sauver, d’ailleurs de vous à moi je préfèrerais sauver un prince ; là j’allume un feu et je lance des signaux de fumée à l’Arbre à mots :


Trois coups de torchons courts,

trois coups de torchon longs,

trois coups de torchon courts*,

une petite éclipse de fumée, bref dans un langage codé je lui dis :


 

« Ô Grand Maître de la forêt, qui rêvez, tout là haut dans les cieux

Ô mage puissant qui faites vibrer les jours gris de notre existence

Ô vous, honoré parmi les honorés, grand sage parmi les sages de la communauté

Pardon de vous déranger, je n’ai nullement l’intention de vous quitter ! »

 

 

Alors l’arbre à mots a refermé sont livre, m’a regardée et m’a dit : 


« Désolé, je devais rêver ! »


Et puis il y a eu un silence, vous savez un de ces silences de clairière qui vous ouvrent le chemin sur les mystères et l’Arbre à Mots s’est remis à rêver.


Alors, à pas feutrés, sur la pointe des pieds, sans plus le déranger, parce qu’il ne faut jamais réveiller quelqu’un qui rêve, je suis revenue dans mon antre où cette fichue horloge, qui ne cesse de me jouer des tours, me dit de sa voix de crécelle :

 

« tu vas être en retard ! »


 

 

Allez té, je donne un gage à ff pour illustrer ce texte ! Non mais des fois !

 

Mais s'il y a d'autres amateurs ...

 

Adamante

* SOS : 3 points 3 traits 3 points en langage morse.

 

 


 

Voilà, aujourd'hui 29 novembre 2010, je mets en ligne un dessin de 

 Ff Colorié par  Elodie 

qui m'a été envoyé pour répondre à ma provocation amicale.


Une facette de l'arbre à mot sans aucun doute, et que je vous laisse le soin de découvrir et d'apprécier comme il se doit.


Merci à toutes deux. Adamante

 

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 23:05

Article progammé. Petite pause, visitez le grenier où tout est archivé.

  

  L'ARBRE A MOTS

 

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C’est l’heure des « Épouvaffreux », des mercenaires ayant prêté allégeance à Scarabine et Paraboum, très vite devenus chefs incontestés du cimetière.


Depuis leur arrivée à « Une Fois » la villégiature éternelle est ouverte à tous, sans a priori social, moral ou linguistique.

 

« À Une Fois, quoi qu’il en soit, qui que l’on soit, au repos, tous on a droit ! »

 

C’est grâce à ce slogan un tantinet aguicheur, inventé par Scarabine, un soir où Paraboum s’ennuyait en faisant des haltères, que la population spectrale est devenue si rapidement cosmopolite. Nombre de trépassés abandonnent désormais leur dépouille mortuaire au cimetière familial de Trifouillis, de Perlimpimpin ou de Pétaouchnock, et sans armes ni bagages, viennent s’installer dans ce cimetière de la liberté.

 

La Grande Jee Bee, venait de partir en voyage à Hollywood, en compagnie de James toujours nostalgique des studios et de leur vie trépidante, ainsi qu’en témoigne le bouquin de Ben Hech : « Je hais les acteurs » qui trône comme bible, dans la bibliothèque sépulcrale.

 

Ceci, dit en aparté, cette ouverture d’esprit qui règne dans le petit cimetière ne prévaut pas dans la bourgade des vivants, restée elle, très « petite bourgeoisie de province ».

Ici la vie cache son vrai visage. Ses façades proprettes, ses regards fouineurs et ses corridors reptiliens humides de venin, guettent le naïf imprudent.

 

Ces vivants n’ont aucune idée de la vie cachée de leur cimetière.

Sauf peut-être, Monsieur le Maire, Victor Vidivici, d’origine italienne et bon vivant, qu’une crise cardiaque avait failli emporter de l’autre côté l’automne passé. Il a vécu ce que l’on appelle une « NDE» ou expérience de mort imminente, qu’il se plait à raconter pour effrayer les vieilles filles et ce bon Monsieur le Curé qui, à coup de goupillon, tente de repousser le démon, lequel lui susurre dit-on, à l’oreille, des envies inavouables de profiter de l’au-delà dans ce cimetière entr’aperçu par Monsieur le Maire. D’autant que ce dernier se plaît à dire, à qui veut l’entendre, qu’il n’a plus peur de la mort depuis qu’il a vu ce que c’était, mais qu’il faut profiter de la vie avant de profiter de la mort.

 

Revenons à nos « Épouvaffreux ».


Certains soirs, n’importe quel soir, la lune n’a rien à voir là-dedans, vu que c’est Scarabine qui en décide, les « Épouvaffreux » s’en vont par le pays en expédition crépusculaire afin de divertir les vivants, adeptes du « coucou fais-moi peur », de « Une fois », la bourgade, de l’autre côté de la Nationale.

 

Pour réunir ses troupes, Scarabine souffle un grand coup, et même plusieurs, dans une trompe tibétaine, cadeau d’un Lama trépassé, venu  à  « Une Fois » pour une petite retraite méditative. C’est qu’elle a du coffre notre Scarabine, malgré sa taille mannequin, sortir un son de cette chose n’est pas à la portée du premier venu.

Mais sous son souffle puissant, un son grave à vous « défibriller » le cœur le plus résistant, résonne dans le soir. Dans le soir… Dans le soir…


Alors, les « Épouvaffreux » s’éveillent et volent la retrouver, en compagnie de Rossinante totalement sous le charme de cette déesse venue des étoiles. Pour la suivre elle abandonne joyeusement le pré spectral de trèfle et de boutons d’or, devenu son quartier général, et retrouvant un brin de jeunesse, se mêle à la troupe joyeuse en trottinant. Un beau tableau !

 

Sur la place de la « Tombe Ivoire », tombe d’un original mort au Tonkin, entièrement taillée dans l’ivoire de pauvres éléphants victimes de la barbarie humaine et eux-mêmes résidants de « Une fois », tous les « Unefoiriens » sont réunis.

Scarabine, montée sur Rossinante, Paraboum à la tête  des « Épouvaffreux » va prendre la parole. Ils agitent alors leurs ailes couleur souffre avec le bruit d’une troupe de Chicoun-Bougnats, moustiques originaires d’Auvergne, semant habituellement la terreur chez les petits ramoneurs.

 

Scarabine a l’action directe, nous l’avons vu, elle n’aime pas les grands discours. Enrobé c’est pesé, la voilà qui s’écrie en levant son sceptre de grande déesse de l’au-delà :

 

« Qui m’aime me suive ! »


À peine a-t-on entendu la dernière syllabe, qu’il ne reste plus que poussière sur la place de la « Tombe Ivoire ».

La troupe galope avec entrain, en direction de la nationale, en hennissant, barrissant, gémissant, bref en menant grand bruit.

 

Dans le château en T, de « Une Fois » la bourgade, vit « Béatrice de la Roche Dure Dure » une aristocrate dont la famille règne sur le pays depuis l’invention du pont-levis, trouvaille que l’on doit à un sien lointain ancêtre.


Souffrant d’une crise d’arthrose, notre vieille demoiselle tente vainement de trouver le sommeil. Béatrice se tourne et se retourne sur sa couche, sous le gémissement des ressorts antédiluviens du sommier.

Enfin, capitulant face à la douleur, elle se décide à se lever.


Elle jette distraitement un œil à la fenêtre pour regarder la nuit et voit arriver, parce qu’elle est médium, la petite troupe de farceurs venus lui tenir compagnie et effrayer la gent domestique bien endormie, elle, au dernier étage de la tour du château.

 

Dans cette tour, nulle princesse n’attend plus le prince charmant. Tout ça ce sont des histoires pour faire rêver les petites filles, ce qu’elle n’est plus depuis longtemps.

Oui, il y a beau temps que Béatrice de la Roche DD, comme tout le monde la surnomme, a perdu ses illusions quant à se trouver un époux, mais elle ne cèderait pas sa place pour un empire depuis qu’elle fréquente Scarabine, et ses « Épouvaffreux ».

 

Ces derniers, là-haut, sous la direction de Paraboum, s’en donnent à cœur joie.

Les cris de terreur des domestiques, à présent parfaitement réveillés, glacent la nuit, tandis que Dame Béatrice et Dame Scarabine boivent le thé en échangeant quelques potins.

Elles aiment imaginer ce que sera leur vie, lorsque Béatrice de la Roche DD rejoindra ce petit paradis infernal de « Une Fois », ce qui en toute logique ne saurait tarder vu son âge.

 

C’est une belle soirée pour Paraboum et les « Épouvaffreux ».


Après que le jardinier, terrorisé par les coups frappés à la porte de sa chambre, ait pris la fuite en chemise et bonnet de nuit, nu pieds, en courant vers le village, ce qui ne pouvait manquer de lui valoir une sérieuse réputation de fêlé ; et que la jeune cuisinière ait mouillé sa literie, la peur étant directement liée au rein ; ils s’en étaient pris à la femme de chambre. Une vieille grenouille de bénitier, fouineuse et médisante, surnommée Folcoche, qui ignorait de sourire et se tenait, en toute circonstance, raide comme la justice.

Que je te cogne dans les murs, que je te déplace un objet, que je te fasse voler un meuble, que je t’agite quelques dessous honteux et rébarbatifs…

Il s’en était fallu de peu que cette pauvresse, devenue hystérique, ait sauté dans le vide pour échapper à ces diableries. Demain, à la première heure, elle se précipiterait à confesse, pour que lui soient absous tous les péchés ayant provoqué cette attaque des formes de la nuit. Le curé aurait  alors droit  à sa description des incubes venus pour satisfaire ses désirs inavouables. 


Oui, de mémoire « d’ Épouvaffreux », ce fut une bien belle soirée !

 

Les « Épouvaffreux », lassés du jeu, avaient déjà rejoint Rossinante à l’entrée du domaine quand Scarabine, ravie de son changement de dimension, prit congé de Dame Béatrice. Suivie par une troupe fatiguée mais satisfaite, elle rentra à « Une fois »  en compagnie d’un Paraboum rejoui.

 

Là, surprise, Woody Guthrie, qui, depuis son décès, poursuivait inlassablement sa route, venait juste d’arriver. Il l’attendait pour lui présenter ses hommages et lui offrir de chanter les épopées fantastiques de ce cimetière pas comme les autres, dont il avait entendu parler, et où il désirait faire une petite escale.

 

 

 

 

©Adamante

 


 

Sur  un mot de  F la Marmotte :  EPOUVAFFREUX  (j'adore !)

Le dessin en haut de page est né à partir d'un texte de Jill Bill. 


 Déjà  trois épisodes dans la saga "UneFoisrienne" :  


Jee Bee Blues

  Chasse sous la pleine lune

Scarabine et Paraboum

 



 

24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 17:04

 

L'ARBRE A MOTS

Jee Bee Blues Saga (voir le grenier) 

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Un matin, alors que la rosée déposait ses larmes sur les herbes et le tapis de feuilles de la sombre forêt de Une Fois, celle jouxtant le petit cimetière où repose, façon de parler, la Grande Jee Bee, une rencontre exceptionnelle eut lieu sous l’arbre à Mots, encore ensommeillé et qui rêvait de poésie.

 

Cette forêt, dite aussi la forêt des spectres, parce que les habitants du sympathique petit cimetière aimaient à s’y détendre, était une forêt magique.

Les rares humains qui s’y étaient aventurés et avaient failli s’y perdre, l’avaient baptisée ainsi à cause d’aventures singulières dont je vous parlerai peut-être à l’occasion.


Ce n’était pas que la forêt fut grande, bien au contraire, mais dans ce monde, un peu parallèle à celui des hommes, où la taille des choses variait au rythme de leurs pensées, des chemins innombrables se traçaient au fur et à mesure de leur balade.  Les promeneurs se trouvaient entraînés, bien malgré eux, dans un monde chimérique, parfois féerique, mais le plus souvent angoissant.

Cela tenait à leur qualité de cœur et bien peu aimaient à s’y retrouver seuls, que ce soit de jour comme de nuit. Ils y étaient victimes de troublantes visions, de malaises et de craintes.

Certains même, c’est pour dire à quel point leurs cœurs devaient être noirs, n’en n’étaient jamais revenus.


La particularité de cette forêt, c’est qu’elle vous entraînait dans le labyrinthe de votre univers mental, et il n’était guère que les enfants à pouvoir y jouer sans risque.

Quand la forêt s’illuminait de leurs rires cristallins, une certaine joie de vivre égayait les habitants du petit cimetière et les araignées se précipitaient pour cueillir au vol ces perles d’éternité dont elles s’empressaient de décorer leurs toiles désertées par la rosée éphémère dès les premiers rayons du soleil.

 

Un matin donc, la Grande Jee Bee, montée sur sa fidèle monture Rossinante, était partie faire son petit tour habituel jusqu’à la clairière de l’Arbre à  mots.

 

Ce matin là, qui nous allons le voir se fit nuit, un cheminot, un routard, un marginal, de passage à Une fois, la bourgade, celle des vivants, complètement défoncé, s’était aventuré dans la forêt. Le moins que l’on puisse dire est que le gugusse n’avait pas l’âme claire. Nourri de romans noirs, de séries policières, où il n’y a pas une seconde sans course-poursuite et coups de revolver, ses hallucinations le portaient tout droit vers un trip des plus mouvementés, dans cette forêt, habile à vous concocter quelque chose de son cru à partir de vos éléments personnels.


Plus il avançait, plus le chemin devenait tortueux, des ombres surgissaient et des bruits insolites le faisaient sursauter.

À l’orée d’une clairière, celle-là même où rêvassait l’arbre à mots, sans transition, il fit soudain nuit noire. Quelques poubelles souffrant d’indigestion accompagnées d’un réverbère poussif et tremblant surgirent alors de nulle part.

Ces choses insolites s’étaient plantées dans le décor comme une verrue sur le nez d’une miss.

 

Un cri strident déchira les ténèbres tandis que le couvercle d’une poubelle explosa littéralement pour livrer passage à une espèce de diable tonitruant qui, s’agrippant à lui comme une sangsue, se mit à le bourrer de coup de poings.


Paul Henry eut un haut-le-cœur. Il n’était qu’un marginal de salon, un routard nourri au biberon de Neuilly-sur-Seine, que des parents attentifs, en attendant de le voir accéder aux plus hautes sphères de l’état, laissaient s’amuser sur les routes, car il faut bien que jeunesse se passe.

 

Ce que Paul Henry aimait au cinéma, il le détestait dans sa vie. Il était mort de trouille.

Il tenta par toutes sortes de moyens de se débarrasser de l’intrus accroché à sa personne, mais rien n’y fit. Invectives, roulades, menaces, cris, soupirs n’eurent d’autre effet que de renforcer la violence des coups.

Le diable accroché dans son dos, dont le petit nom était Paraboum, semblait prendre un malin plaisir à lui bleuir l’échine.


Paraboum, conçu dans une « dead zone » de l’esprit du jeune aventurier, était sa création.

Il  arrivait tout droit d’un des nombreux univers parallèles développant les innombrables probabilités de vie de Paul Henry.


Pour l’anecdote, dans une de ces vies, il était devenu Président de la République d’un petit pays de forts en gueule, ayant adopté le coq comme emblème national. 

Président quelque peu azimuté, prétentieux, vulgaire, primaire, fort en promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, menteur, il se prenait pour un cow boy,  et se faisait appeler Nic afin de paraître proche du peuple dont il se souciait comme de sa première couche culotte. Mais ça c’est une autre histoire.


Le fond de l’âme de Paul Henry, celui de la dimension de la forêt enchantée, était identique en tous points à celui de tous les Paul Henry de toutes les dimensions.

Lorsqu’il était défoncé, il lui arrivait d’ouvrir bien involontairement quelque vortex sur ces autres dimensions où d’autres « lui » exploraient des chemins différents, et cela ne faisait pas toujours bon ménage. On comprend dès lors l’apparition de Paraboum.


Paul Henry, ne faisait pas le poids face à sa création qui pour l’heure tentait de l’étrangler avec un lacet de chaussure. Elle maintenait, d’un genou ferme, Paul Henry face contre terre, lequel était à deux doigts de passer l’arme à gauche.


C’est alors que surgissant de la poubelle, une furie s’écria d’une voix suraiguë :


-        Paraboum ça suffit ! T’avais promis de m’en laisser un peu !


Paraboum, rouge de confusion, donna un peu de mou à son lacet et bafouilla :


-        Ô pardonne-moi ma « poussinette », j’étais tellement pris par le jeu que j’ai failli t’oublier ! Tiens prends le, je te le laisse !


La poussinette nommée Scarabine, sauta sur Paul Henry comme la Grande Jee Bee le faisait sur Rossinante. Elle l’attrapa sans ménagement par les cheveux afin de lui tourner la tête et le regarder droit dans les yeux.


-        Alors, rebus de pouvoir de banlieue chic, on avait envie de se faire quelques petites frayeurs ? On a fait appel à Scarabine et Paraboum pour se faire monter l’adrénaline ?

Eh bien, pour vibrer, tu vas vibrer.


Sur ces mots, elle retourna Paul Henry et commença à lui lacérer le visage de ses ongles démesurément longs.

 

Paul Henry, hystérique, le visage en sang, se mit à hurler et échappant alors à son bourreau s’enfuit en courant dans la nuit noire, Paraboum et Scarabine à ses trousses.

Il se prit les pieds dans une souche, fit un vol plané mémorable, se releva, et se remit à courir comme un dératé.

 

Scarabine, armée d’un lance-pierres, le cribla alors de projectiles urticants qui l’obligeaient à chaque impact à s’arrêter pour se gratter.

Paraboum, taillé comme un dieu Grec, en profitait alors pour lui asséner un coup de poing phénoménal qui le projetait dans une nouvelle course désespérée.

 

C’est alors que surgissant d’un chemin de traverse, la Grande Jee Bee, montée sur Rossinante, fit son apparition. 

 

Nous l’avons dit, pour la Grande Jee Bee c’était le petit matin tandis que pour Paul Henry il faisait nuit noire. La Grande Jee Bee aperçut bien Paul Henry, mais c’était trop tard, elle ne pouvait plus arrêter Rossinante qui n’avait plus ses réflexes d’antan. Le choc fut tel que Paul Henry fit un dernier vol plané, heurta violement de la tête le tronc de l’arbre à mots et s’évanouit illico.


L’arbre à mots, fut interrompu juste à la fin de la réplique du roi à la scène III acte deux de Torquemada*  « Ah ! te voilà, marquis. »

Considérant Paul Henry allongé à ses pieds, plus mort que vif, il regarda la Grande Jee Bee d’un air interrogateur.

Celle-ci observant à son tour le corps inanimé dont la tête commençait à s’orner d’une bosse qui promettait d’être volumineuse, allait lui faire part de son ignorance, quand Scarabine et Paraboum firent irruption.


La Grande Jee Bee descendit de sa monture, se pencha vers le blessé, lui donna deux trois claques pour tenter de le réveiller, en vain.

Scarabine la repoussa en lui disant :


-        Il est à moi ! Laissez-moi faire et elle appliqua à Paul Henry une claque qui ne pouvait que le réveiller ou l’entraîner définitivement de l’autre côté de la vie.

 

Mais Paul Henry, sous sa constitution chétive cachait une résistance à toute épreuve. Contre toute attente il reprit ses esprits. Lorsque, ouvrant les yeux, il découvrit Scarabine penchée sur lui, il émit un hurlement tel que les feuilles de l’arbre à mots se dressèrent sur leurs pétioles.

 

L’arbre à mots, excédé rugit de toute ses branches avec une colère non contenue :


-        Sortez de ma clairière et ramenez-moi cet olibrius chez les vivants !

 

La Grande Jee Bee s’inclina devant le sage en s’excusant. Scarabine et Paraboum, impressionnés par l’autorité naturelle de l’Arbre à mots, attrapèrent Paul Henry de nouveau inconscient, le jetèrent en travers, comme un sac,  sur le dos de Rossinante et tous trois, sans discuter davantage, l’emportèrent pour l’abandonner sur le bas-côté de la route départementale en direction de la bourgade.

 

Après tout, s’il avait une chance de s’en sortir c’était aux vivants de s’en occuper.

Il avait eu la raclée de sa vie, ce qui était justice, car il était mal venu aux yeux de l’éternité de mettre le bazar entre des dimensions temporelles appelées par les lois de la physique à rester séparées.

 

Scarabine et Paraboum, virtuels donc invisibles, condamnés par le sort à rester dans leur nouvelle dimension, furent invités par la Grande Jee Bee à s’installer dans le petit cimetière de Une Fois, qui gagna ainsi deux personnalités bien trempées susceptibles de maintenir, s’il en était besoin, un certain niveau d’animation dans la communauté.

 

©Adamante

      * Victor Hugo


 

 

Scarabine et Paraboum : une trouvaille de mon brillantissime esprit.

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 22:00

 

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Voici une aventure de la Grande Jee Bee, désormais zombi de son état, qui chante le blues avec James Dean dans le petit paradis qu’est le cimetière de « Une Fois », dans la province de Giquebel.  (voir Jee Bee Blues )


La Grande Jee Bee, toujours alerte et intrépide, jeune cabrette parmi les anciens,  a participé, le soir dont je vous parle, à sa première chasse sous la pleine lune.

 

Quel souvenir ! on en parlera longtemps de la première chasse de la grande Jee Bee.

 

Organisée chaque nuit de pleine lune, par Jo le dégarni, aux phalanges toujours baladeuses, la chasse réunit tous les frères et sœurs intrépides de la Société de la Pierre Tombale.  Petite communauté plus ou moins ésotérique versée dans les mystères et la découverte de toutes les bizarreries de la création.

 

Cette nuit-là, Lulu, incapable de faire un mètre sans se plaindre, parce qu’elle détestait marcher, avait décidé de rester dans sa tombe à regarder un film d’épouvante en compagnie du jeune Frédy et de James qui préférait le cinéma à la chasse.

Jo, débarrassé de Lulu, s’était dit qu’il serait enfin libre de tenter sa chance auprès de la Grande Jee Bee, puisque James était retenu ailleurs.

 

Monsieur Faribole avait revêtu pour la circonstance son costume de grand Commandeur de la Société de la Pierre Tombale et il jouait du cor pour encourager les chasseurs.


Un chêne multi centenaire ayant rejoint le monde des esprits et qui avait choisi de se planter à Une Fois, où la société respectait les arbres, le soutenait en sa cime avec bonne grâce. Le père Faribole pouvait ainsi surveiller les chasseurs et  sonner quand l’un d’entre eux se trouvait en difficulté afin de lui redonner du courage.


Jo avait confié Jee Bee à la Belle Rossinante venue passer son paradis à Une Fois où il n’y avait pas de moulin-à-vent. Rossinante galopait, Jee Bee cavalière émérite goûtait la joie de fendre la bise à la poursuite d’une Bigornelle des prés avec laquelle elle s’était trouvée nez à nez au détour d’un chemin. La Bigornelle des prés, timide et véloce, avait détalé en apercevant la Grande Jee Bee et s’était réfugiée dans un arbre à mots, qui rêvait là en se racontant des poèmes.

Philosophe, l’arbre à mot avait accueilli la Bigornelle avec affection, elle était sa toute dernière création et il la couvait avec l’intérêt qu’une poule porte à ses œufs lorsqu’elle couve.


La Grande Jee Bee salua l’arbre à mot en lui faisant étalage de ses mérites et de sa généalogie ainsi que le veut la tradition et genou à terre, le regard baissé, elle fit demande de lui accorder la Bigornelle comme Bigornelle de compagnie, ce dont elle avait toujours rêvé.

L’arbre à mots sans doute satisfait, après avoir déclamé un poème épique vantant le courage et les prouesses réalisées par la Grande Jee Bee sur sa fort célèbre jument Rossinante, lui accorda une entrevue avec la jeune Bigornelle, laissant toutefois à cette dernière la liberté d’accepter ou non de suivre la grande Jee Bee jusqu’à sa demeure éternelle de Une Fois.

La Bigornelle, timide et rosissante, s’approcha  en minaudant.

La grande Jee Bee lui caressa le groin et, pour se porter chance effleura le pompon blanc qui ornait son derrière.


C’est à ce moment que Jo fit une apparition fracassante et plaquant ses phalanges baladeuses sur la partie d’anatomie de la Grande Jee Bee que mon éducation m’interdit de nommer, il déséquilibra la Grande Jee Bee qui faillit tomber sur la Bigornelle en risquant de l’écraser.

Cette dernière terrorisée, s’enfuit en courant retrouver les branches protectrices de son bien aimé papa. L’arbre à mots pourtant philosophe apostropha Jo en le sommant de quitter immédiatement son territoire et de n’y jamais revenir.


Jee Bee, outrée par l’outrecuidance de Jo, rouge pivoine de confusion, était désespérée.

La Bigornelle allait-elle maintenant accepter de la suivre ?


C’est alors que Rossinante, sage parmi les sages, se mit à hennir à pleins naseaux l’air de la chevauchée des Valkyries.


Là, ça fait partie de la mise en scène, vous devez cliquer avant de poursuivre.

 

 
La Bigornelle fille spirituelle d’Odin sauta dans l’herbe et se mit à danser.


La grande Jee Bee emportée par le rythme entra dans la danse tandis que le père Faribole s’était joint à la musique en soufflant comme un forcené dans son cor.

Cet air magique enflamma toute la chasse qui se mit à hennir et à se trémousser sous la pleine lune ravie d’une telle aubade.


Odin en personne vint se joindre à la fête, ils étaient tous au Walhalla.

 


La Bigornelle qui avait profité de la danse pour observer la Grande Jee Bee, trouvant sans doute qu’elle avait du mérite, sauta dans ses bras pour lui faire un poutou sur le nez. Le poutou est un petit baiser à Une Fois.


Ce poutou eut la vertu d’arrêter la musique et dans le silence qui suivit chacun prit conscience qu’il vivait une minute historique.


C’était la première fois qu’une Bigornelle acceptait de lier sa vie à un humain de compagnie.


©Adamante

 

 

Allez vite découvrir    L'ARBRE A MOTS

 

JEE BEE  

 

 


31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 23:49

Avertissement : J.B m'a demandé de parler d'elle en sa dernière demeure, tandis qu'elle, me croquait en armure.


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Dans la province de Giquebel, il y a petit cimetière, tout à fait charmant, situé tout en haut de la butte Une fois, c’est son nom. 


Là, je préfère tout de suite vous prévenir, je réfute les propos mal intentionnés de ceux qui pourraient dire que j’invente et que je raconte n’importe quoi.  Je n’ai pas pour habitude d’affabuler, d’ailleurs je manque totalement d’humour et je serais très contrariée si l’on ne prenait pas au sérieux l’histoire que je vais raconter.

 

Dans ce cimetière, il y avait des tombes. 

 

Jusque là rien de surprenant, des tombes dans un cimetière il n’y a pas matière à faire une communication à l’Académie. Oui mais… Il y a un mais. N’imaginez pas que je perdrais mon temps à vous raconter un cimetière, si beau soit-il avec ses tombes de première et de dernière classe, si je n’avais pas une excellente raison !


Dans ce cimetière, régulièrement, quelques décédés regagnaient solennellement leur lieu de villégiature éternelle, du classique, avec cortège en pleurs et habits sombres.

 

Mais ce matin-là, de gros nuages noirs menaçaient par l’ouest et la voiture des croque-morts roulait à tombeau ouvert pour livrer son occupante, avant l’arrivée de la pluie. Enterrer un mort avec un parapluie n’est pas chose aisée et personne, pas même la famille, ne trouvait à redire à cette course digne du grand prix de Monaco, ou d’ailleurs, je n’ai pas de préférence.

Tout le monde était pressé que ça se termine, même le groupe breton déguisé en squelette venu jouer du biniou et de la bombarde exprès pour accompagner la grande Jee Bee dans la dernière étape de son voyage.


La bombarde avait joué sa sonnerie. Les chœurs avaient chanté en kan ha diskan* « Jean Marie il est malade il lui faut le médecin » (lequel médecin étant arrivé trop tard Jean Marie avait rejoint le cimetière il y a déjà quelques années,) pour le plus grand plaisir de tous les morts-vivants. Ils se tenaient à l’affût derrière leurs pierres tombales en tricotant des genoux et en claquant des dents pour ne pas en perdre une miette.


Le plus jeune d’entre eux, Frédy, qui avait été enterré avec son magnétophone portable, avaient enregistré le concert en vue de la petite sauterie prévue le soir afin d’accueillir la Grande Jee.Bee. aux initiales tourbées d’un whisky bien corsé, avec tous les honneurs dus à son rang.


La pierre tombale à peine refermée, la pluie chassa tous les vivants du cimetière, qui se précipitèrent sans plus de cérémonie dans leurs voitures respectives. À se demander si elle n’avait pas été commanditée par les résidants, ou la Grande Jee Bee elle-même, pressés d’en finir.


La Grande Jee Bee, sans attendre, partit à la découverte de son nouveau village. Elle rejoignit ses habitants qui pour l’occasion interrompirent leur sieste et ce furent des retrouvailles mémorables.


Il y avait là Jo le dégarni, toujours aussi charmeur et les phalanges baladeuses, un peu plus svelte qu’auparavant peut-être. Il avait fait le choix, pour occuper son infini, de devenir spectre parce qu’il était un tantinet voyeur et toujours prêt à faire des blagues. En comparaison avec notre monde, le spectre est en quelque sorte un artiste.

La Grande Jee Bee, qui avait un penchant non avoué pour Jo, caressa un instant le désir de devenir spectre à son tour, pour l’accompagner dans ses tournées, en ville et à la campagne. Mais son instinct lui conseilla d’étudier toutes les possibilités qui s’offraient à elle avant de se décider pour l’éternité. Elle avait le temps, mais elle n’était pas du genre à rester longtemps les deux pieds dans le même cercueil. Elle se mit donc en tête de savoir tout, absolument tout des possibilités qui lui étaient offertes, avant la fin de la nuit.


Sa vieille copine Lulu, l’écervelée, qui gloussait toujours comme une débutante, malgré ses 100 ans de vie bien tassés, quand un homme lui faisait la cour, fit mine d’être ravie de la revoir. Mais comme elle aimait Jo et que Jo aimait bien Jee Bee, elle était rongée de jalousie. Lulu n’était rien devenue car elle hésitait toujours entre devenir goule ou vampire, possibilités méconnues s’offrant à ceux qui ont passé l’arme à gauche suite à une action maladroite.

Et Lulu les actions maladroites elle connaissait…


Bref, grâce au magnétophone de Fredy, gothique convaincu durant sa courte vie, et grâce à son groupe le « Bones Atomic Blood Rock », la fête était du tonnerre. Quelques éclairs venaient égailler la partie et la pluie, auxquels tous étaient insensibles, ne risquait pas d’inciter les timbrés de spiritisme à débarquer ici pour leur cérémonie ridicule et gâcher la fête. On était garanti que cette nuit, ils resteraient calfeutrés au fond de leurs tanières avec leurs bougies.


La Grande Jee Bee retrouva son vieil instituteur, Monsieur Faribole qui coulait agréablement ses jours de retraite d’une vie bien remplie, en tant que fantôme farfadet. Il officiait sur la départementale 14, qui reliait  Sainte Mâchoire à Sainte Rotule, au lieu-dit « le drap blanc » juste avant le « virage de la Mort ».

Il provoquait là, régulièrement quelques accidents sans gravité, aux vivants qui roulaient trop vite, lesquels, sans son intervention se seraient tués dans le virage de la mort alors que ce n’était pas l’heure. Monsieur Faribole expliquait à la Grande Jee Bee toute l’importance de son rôle pour éviter que les morts sans laissez-passer soient reconduits à la frontière, car cette mesure était très impopulaire et mettait le bazar dans l’éternité.


Mais la Grande Jee Bee apercevant James Dean accoudé à la grille d’entrée planta là le vieux Faribole en plein milieu d’une phrase, pour retrouver son idole. Dieu qu’il était beau, plus tout à fait vivant, mais pas tout à fait mort, il était là, un peu écaillé, un peu floppi, entre deux comme on dit, entouré d’une brume qui fit chavirer la Grande Jee Bee. James était zombi, alors la Grande Jee Bee n’écoutant que son cœur, décida de le suivre sur ce chemin scabreux reliant le monde des vivants au monde des esprits.


Ainsi, peut-on la voir, les nuits de pleine lune, lorsque les loups garous hurlent dans la campagne, arpenter avec James les trottoirs de Une fois, en quête de tréteaux où leur duo d’amour s’exprime par le blues, devant un vieux rideau dévoré par les mites.

 

©Adamante

 

  La Grande Jee Bee

*reprise de chaque phrase chantée par une voix par une autre voix donnant l’impression d’une continuité musicale.

Merci à Snow, (cliquer sur l'image pour voir son site) qui a illustré ce conte de haute main.

 

 

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  • Comédienne, metteur en scène, diplômée en Qi Gong, j'écris, je peins.
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