le jeudi des croqueurs
J'ai un amour inconditionnel pour les poètes Chinois de la Chine ancienne, Li Po, Wang Wei, Tou Fou...
Ces poètes qui nous font toucher du doigt notre humanité dans sa plus belle transcendance et nous amènent à partager des instants secrets de leur quotidien par-delà nos habitudes personnelles et
par-delà le temps. C'est sous cette influence que j'ai écrit : "tant qu'il y aura du vin."
Pour répondre au Jeudi de Bruno voici un poème de LOU YEOU (le poème que j'emporte sur l'île déserte, c'est
facile je le connais par cœur).
J'ai dit adieu à mes amis
puis en traversant la rivière
j'ai aperçu un petit temple
avec les portes entrouvertes
et personne n'était là.
Il y a un vieux Bouddha
qui s'appuie contre le mur
dédoré et poussiéreux,
une lampe abandonnée
qui n'éclaire rien du tout
et la pluie tissée de brume.
J'ai envie d'aller dormir
sur le lit du moine absent
et d'y faire un petit rêve.
Les singes crient
dans les chênes verts.
Si vous voulez savoir
ce qu'est la vie des hommes
cherchez à retrouver
quand la mer se retire
les traces des passants
sur le sable mouillé.
LOU YEOU 1125-1210
Poème extrait du livre "le voleur de poèmes" de Claude ROY ed. Mercure de France